Merci l’Europe : nos enfants respireront encore du diesel pendant que la Chine vendra nos voitures électriques

Blog
December 16, 2025

Bonne nouvelle, citoyen moderne fatigué de l’avenir : l’Europe a enfin compris qu’il ne fallait surtout pas aller trop vite.
L’ancien monde a gagné une prolongation de bail, et toi, tes poumons et tes enfants allez pouvoir en profiter pleinement.

Vive le retour en arrière

Finie l’angoisse d’un futur trop propre, trop silencieux, trop électrique.
En renonçant au « tout-électrique » en 2035, l’UE offre un merveilleux message : pourquoi innover quand on peut négocier, temporiser et arrondir les angles avec ceux qui ont le plus à perdre à changer ?

Les moteurs thermiques restent, sous conditions, comme ces vieilles habitudes dont tout le monde se plaint mais que personne ne veut vraiment quitter.
On ne tue pas le passé, on le subventionne, on le régule un peu, on le repeint en vert, et tout le monde repart content vers le prochain salon auto.

Cadeau empoisonné à l’industrie européenne

Quel coup de génie stratégique : au lieu de pousser à fond sur l’innovation électrique pour rattraper la Chine, on lui laisse tranquillement le temps de prendre encore plus d’avance.
Pendant que les constructeurs chinois optimisent leurs plateformes, leurs batteries et leurs usines, l’Europe envoie le signal rassurant : « Ne vous inquiétez pas, on reste accrochés à nos pistons, à nos boîtes de vitesses et à nos débats internes. »

Les industriels européens, eux, peuvent souffler : plus besoin d’accélérer trop vite sur les véhicules abordables et vraiment sobres, on peut continuer à vendre un peu de tout, un peu plus longtemps, en expliquant que c’est « pragmatique ».
Les investisseurs comprendront, les lobbys applaudiront, et les feuilles de route R&D pourront rester floues encore quelques belles années.

Joie d’inhaler le progrès

Quel soulagement pour tes poumons : on allait presque manquer de particules fines dans les grandes villes.
Heureusement, ce léger rétropédalage garantira encore de belles bouffées de NOx aux heures de pointe, ce parfum familier qui rappelle l’enfance, les bouchons sur le périphérique et les retours de week‑end.

Tes enfants, eux, auront la joie d’apprendre à l’école que la science disait d’aller vite, mais que les adultes ont choisi d’aller doucement, très doucement, pour ne pas bousculer les moteurs et les bilans comptables.
Ils pourront comparer leurs cours sur le climat avec ce qu’ils voient par la fenêtre, et découvrir en live le concept magique de « compromis historique ».

L’ancien monde bien au chaud

Cette décision, c’est une couverture chauffante posée sur l’ancien monde, qui grelottait un peu face au futur mais refusait de quitter le canapé.
On ne coupe pas le cordon avec le pétrole, on le transforme en « trajectoire », en « flexibilité réglementaire », en « mix technologique ».

Les villes pourront continuer à se disputer entre zones à faibles émissions et dérogations pour ne froisser personne, pendant que les gouvernements signeront de nouveaux communiqués triomphants sur leur « ambition climatique intacte ».
Le message est limpide : la transition, oui, mais surtout sans transition brutale pour ceux qui bénéficient le plus du statu quo.

Champagne (sans bulle de CO₂ comptée)

Alors réjouis‑toi :

  • Tu pourras encore expliquer longtemps à tes proches que « de toute façon, ce n’est pas si simple, l’électrique ».
  • Tu pourras différer l’achat de ce véhicule vraiment sobre, en attendant « d’y voir plus clair » en 2030, 2032, 2034.
  • Tu pourras remercier silencieusement tous ceux qui ont su transformer une urgence climatique en feuille de route graduelle, modulable et renégociable.

Et quand, dans quelques années, on expliquera qu’il faut de nouveau « rehausser l’ambition » parce qu’on a trop traîné, on pourra redémarrer le même débat, la même pièce, avec les mêmes acteurs.
Heureusement que l’ancien monde est si bien protégé : sans lui, il faudrait vraiment se mettre au travail.

Prêt à commencer ?

..... ..... .....
..... ..... .....
...... ......